Talitha Koum

« Talitha koum » C’est par ces mots en araméen que Jésus invite la fille de Jaïre à se relever. Littéralement, « Petite agnelle, lève-toi ». Ce passage de l’évangile de Marc (Mc 5, 35-43, que je vous invite à relire) m’a toujours semblé un bon résumé de la démarche de Carême, même s’il n’est pas repris dans les lectures de ce temps liturgique.

En appelant la fille de Jaïre qui était endormie dans la mort, en la ressuscitant dans sa chair, Jésus préfigure sa propre résurrection dans la nuit de Pâques. Il a ainsi vaincu la mort pour que nous ayons la vie éternelle. Pour le chrétien, Pâques c’est être plongé dans la mort avec le Christ pour renaître homme nouveau, pour ressusciter avec lui. Mais tout comme les apôtres n’ont pas compris les signes qu’il leur adressait, nous aussi, nous avons besoin de temps pour nous préparer à ce passage. Ce temps particulier, c’est le Carême.

Remarquons d’abord que c’est Jésus lui-même qui invite la jeune fille à se lever tout comme c’est lui qui nous appelle à nous préparer à la démarche pascale. Ce n’est ni notre évêque ni notre curé, nos prêtres ou diacres (même s’ils transmettent l’invitation) mais Dieu lui-même qui nous invite. Et cette invitation est faite avec des mots simples, dans la langue parlée par tous. L’araméen à l’époque de Jésus. Aujourd’hui, il nous dirait sans doute : « Mon fils, ma fille, mets-toi en marche ! Lève-toi ! Je t’invite à une démarche de changement. Je t’appelle à te relever, à être debout, à me suivre. »

« Lève-toi, petite fille », c’est donc à chacun d’entre nous que Jésus l’adresse. Car nous avons besoin de transformer toutes nos attitudes mortifères qui nous alourdissent et nous tiennent couchés pour nous lever et suivre le Christ qui nous interpelle individuellement. « Convertis-toi et crois en l’Evangile » comme nous le dit la liturgie du mercredi des Cendres. Cheminer vers Pâques, c’est avant tout se mettre debout. Bouger. Se remettre en question. Avancer avec Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Mais cet appel s’adresse aussi à l’Église, l’épouse du Christ, jeune fille parfois endormie dans des comportements peu chrétiens. Se réveiller, se relever, c’est aussi prendre conscience de la place de nos communautés dans le monde. Elles ne doivent pas rester isolées, repliées sur elles-mêmes, mais au contraire être des communautés missionnaires, qui annoncent la bonne nouvelle tant par leurs paroles, leur présence au monde que par leurs actions concrètes vis-à-vis des plus pauvres, des plus démunis, des malades, des isolés … Le carême, c’est aussi un chemin de conversion pour l’Église.

« Réveille-toi, petite fille, petite église d’Amour. » Il est temps de préparer la Pâque du Seigneur !